C’est dès 2004 qu’est lancé un programme de suivi psychiatrique au sein du plus grand arboretum du Danemark, à Horsholm have, au nord de la Capitale. Piloté par la chaire universitaire Agriculture et Santé de Copenhague,Ulrika Stigdotter et son équipe, avec son tuteur Patrick Grahn, organisent 3 fois par semaine des matinées qui débutent au sein d’une serre de 170m2 , habitée de matériaux naturels, et ce toute l’année.Ce programme fait école, les résultats et évaluations enregistrés étant prometteurs: apaisement mental, sortie de mutisme, esquisse de promenades en petits groupes, échanges , puis sensorialité avec les plantes et arbres présents (et ce n’est pas ce qui manque , car il y en a 2000 !) ajoutés de constantes lymphocytaires en hausse.. Il est vrai que les nordiques , Scandinavie en proue, ont un contact et une perception avancés avec la nature , ayant compris depuis toujours que la nature est une alliée de l’Humain.

En Allemagne, le psychothérapeute Konrad Neuberger travaille depuis plus de 35 ans, même maintenant en retraite, avec ses patients au sein de l’Université de Wuppertal /Düsseldorf au jardin. Au menu: semis de plantes potagères, repiquage, plantations de légumes et de fleurs annuelles et autres et bien entendu récolte où des repas pris en commun réjouissent le groupe. Là encore, patients en redemandent,soignants emboîtent le pas , et le lien de la parole, de l’aide, de l’échange est (r-)établi, en plus d’une joie et de la satisfaction valorisante d’une collaboration non artificielle ! Konrad part du principe de la phyto-résonance (qu’il reprend de Shepard, écologue américain 1994), qui est comme un appel irrésistible de ce qui anime l’Homme vers le vivant et la plante en particulier. Car celle-ci répare , en résonnant étrangement dans la profondeur de l’Homme, les liens complexes entre ces êtres vivants que la modernité a abîmés.

Sensoty dementia healthcare garden

Et puis…Suisse et Pays-Bas ne sont pas de reste. C’est sans compter tout ce qui se fait dans des pays et cultures bien plus lointaines où l’extérieur est regardé comme un terrain propice au « well-being »,comme scènes de contemplation , terrain d’exercices adaptés ou participation à embellir ou nourrir par la plante , comme à Singapour, Nouvelle Zélande, et bien entendu aux Etats-Unis où tant d’évaluations médicales ont mis à l’honneur les vertus bienfaitrices d’être…au jardin, même à partir de la vue par la fenêtre (R . Ulrich)!

Alors on voit naître , encore assez timidement, ici et là en France depuis les années 2000 des jardins à but thérapeutique, en CHU psy, Neurologie, Gériatrie, Foyer d’Accueil médicalisé, Ehpads… Je lisais encore il y a quelques jours une note d’un chef de Pôle Gériatrie et Bien-Vieillir peu convaincu de la chose, parce qu’il cherche encore des « preuves » scientifiques, des accréditations, de la littérature. Je voudrais lui dire ici que tout est écrit, et pas par le paysagiste que je suis ou le scientifique ni soignant que je ne suis pas. (cf S et R Kaplan; R.Ulrich; K.Neuberger; P.Grahn; F.Pringuey…)

Enfin… en France, nous bénéficions de quelques médecins chercheurs audacieux qui se sont penché sur la question autant en théorie qu’en pratique -Thérèse Jonvaux CHU Nancy pôle Neurologie avec le jardin Art Mémoire Santé et France Pringuey, médecin ET paysagiste, qui a notamment co-conçu avec l’équipe des soignants sur le site le génial jardin des Mélisses au Pôle psy du CHU de Saint -Etienne. Et les années passant, ça fonctionne excellemment bien avec une équipe dédiée, parce que là-bas, on a compris que le jardin pensé et animé pour et par les patients est intégré au programme de soin pérenne .

Et..? Baisse de médication , meilleur sommeil, estime de soi etc etc …Quand il est pris au sérieux, le jardin de soin ne peut que rendre ce qu’on lui donne: du soin, du don et de la vie !

le jardin des Mélisses  au Pôle psy CHU St Etienne

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *