Le mouvement de grève des soignants et certains directeurs d’Ehpad cette semaine a quelque chose de grave et de gênant tout à la fois. D’une part, un cri d’alerte sur des conditions de travail devenues ingérables, par le non -remplacement de départ à la retraite quand ce n’est pas une compression de personnels, d’autre part dans un secteur où précisément on doit prendre soin des plus fragiles, de nos aînés devenus dépendants. Il y a là quelque chose de grinçant. L’argent, le nerf de la guerre pour le (bon) fonctionnement en est encore la cause. Et notre gouvernement de faire mine de comprendre sans aider réellement.Cinquante millions d’Euros, cinquante millions de nuances de grincement.

Quand le minimum de la décence n’est plus là, c’est qu’on est dans le déni ou le mépris. On a une population de grands seniors toujours plus nombreuse, grâce à une espérance de vie -mais le mot est-il alors bien choisi?- plus grande. Mais au final, si c’est pour voir nos aînés dépendants ne pas pouvoir être douchés au moins une fois par semaine, dans quelle hypocrisie tombe-t’on?

Il est bien plus vendeur et brillant, puisque c’est aux yeux du monde et qu’on est dans le spectacle, de crier Cocorico pour les JO de 2024 à Paris, que de prendre soin de nos vieux.Les Jo ça coûte, mais ça paie, la vieillesse, ça coûte et ça pue. Pas agréable à voir en plus.Le prix de la dignité sans doute.

Il me vient alors une pensée lumineuse : L’euthanasie ne serait-elle pas LA solution propre, silencieuse ,économique et respectueuse pour ne pas faire face à la dégradation du corps et de l’esprit de nos parents, grands-parents, qui après tout, ont fait leur vie ? L’assistance à la mort , brillante idée de …libre-arbitre de droit de vie et mort .

Là, ce n’est plus grinçant, c’est monstrueux .

Je propose dans mon activité professionnelle des jardins thérapeutiques pour les personnes en état de fragilité, dont nos aînés dépendants font (grande ) partie.Il s’agit de jardins de prendre-soin, de mieux -être. Par rapport à cette souffrance présente des soignants-aidants,je me pose la question du bien-fondé de mon activité ,vrai credo personnel…

Mais non: Je m’insurge contre cet état de fait, mais surtout contre des gouvernants qui ne se sentent pas concernés…Enfin pas concernés maintenant.Car la déchéance tant physique que mentale touche n’importe qui , certes pas avec les mêmes moyens…Mais un AVC, un accident de la circulation, un infarctus, on dit que ça n’arrive pas qu’aux autres.

“Le plus grand destructeur de la Paix,c’est le crime contre l’innocent, l’enfant à naître” clamait Mère Thérésa, prix Nobel de la paix.Le mépris envers nos aînés affaiblis,parfois exigeants,parfois pénibles,mais capables d’amour, , est le bout de cette chaîne de mort, par l’oubli consenti des puissants et des nantis . Est-ce trop d’écrire cela? Alors il faut oser en parler avec les dizaines de milliers de soignants .Quelle que soit l’opinion que l’on a du respect total de la Vie, la préservation du principe du soin (qui est un princeps d’Hippocrate) est-elle simple question de coût ?

Une société qui ne fait pas cas de ses aînés les plus faibles est appelée à mourir…gentiment, sans bruit mais sûrement.Le tout-économique fait des dommages collatéraux, puis des dommages dans ses rangs, puis implose par inhumanité.Loi immuable de la Vie.