L’homo modernicus , né et élevé dans la ville, n’a plus depuis des décennies, de terre aux chaussures. Parallèlement, le paysan d’antan portait des sabots, que d’ailleurs la mode du néo-ruralisme réintroduit, telle une nostalgie retrouvée.

Car cet homme urbain , heureux quand il est jeune de résider dans la ville aux sols fermés, ne le reste que peu avec les ans , où le stress le pressure autant professionnellement qu’affectivement avec des problèmes nouveaux que l’introspection psychologie lui a inventés. Mais voilà une génération nouvelle qui se lève, plus nombreuse que leurs grands aînés beatniks du Larzac. La naissance du tout- technologique, sa surabondance débordante et ennuyeuse génèrent aujourd’hui des troubles – extrêmement prévisibles par bon sens- faisant le fortune obligée des cabinets de psys, thérapeutes et autres coachs de tous ordres.La perte de sens du vivre à l’instant,du ressenti présent non pensé,la dureté du coeur rationnel et mécaniste a muté très rapidement l’homme moderne (homo sapiens -sapiens, vraiment ? ) en moins de cinquante ans,en un produit humain d’efficacité de productivité, en grande partie de consommation dont il s’est inventé le besoin ,inutile pour sa survie et sa vie intérieure.

Mais alors, était-ce mieux avant ? Il faudrait définir d’emblée ce qu’est ce mieux; ce qui est compliqué car bien entendu, on trouvera très vite des moins bien avant (ne serait-ce que l’hygiène de base, le soulagement de la douleur ou le manque de mobilité simple.)

Une chose est donc sûre: Nous ne pouvons que vivre en notre temps, et c’est bien ainsi. Ce présent est donné pour y vivre et le vivre.Principe de réalité. Le tout est de savoir comment.L’homme de la cité urbaine ne sait pas que la terre est basse. Mais ses syndromes de perte de sens de lui-même comme humain sur la terre ont fini, par le regard des restants de monde agricole ici ou là, à le questionner sur ce mode vie trépidant qui l’empêche de se regarder comme habitant d’une planète nourricière, finalement assez bienveillante (qui lui donne beaucoup de bien), à l’ordre quasi parfait puisque la nature lui procure de grands bienfaits, et ceci à répétition au contraire de la Ville. 

 Le développement très récent (une décennie tout au plus !) de la conscience universelle du respect due à la nature est un réflexe enfin présent. Réflexe de peur, réaction causée par l’alerte scientifique occidentale. L’homo sapiens sapiens a donc des reliquats de sagesse, qui est de de penser sur sa condition. Ce qui est regrettable et bien humain au final est cette prise de conscience a posteriori ou presque du danger apparent, évident, préfigurant un non-retour, mais heureusement conditionnel…

Et de voir fleurir (dans tous les sens du mot) des groupes, associations et même prestations professionnelles allant dans ce sens du retour aux valeurs de la terre, dans un respect ancestral de la tradition agricole première.Car la permaculture, l’agro-foresterie, l’hortithérapie ou encore la naturopathie ne sont-elles pas des sciences partant du sol nourricier et naturel…comme le faisaient nos ancêtres paysans il y a moins de cent ans ?

Ces derniers s’amuseraient bien de nous voir passionnés par ce retour à la terre, comme un enfant découvrant les vertus de la nature…On lit chez les universitaires autorisés la justification de pratiques éco-durables , recyclables et perpétuelles. Mais très franchement, tout cela existait. On a juste approfondi la chose, et avec bonheur souvent, tant que ces pratiques s’appuient sur la science agronomique, sans personnification souvent puérile de la terre, telle une spiritualité sans racine,éperdue et animiste à bon compte.

Alors, quelle aubaine de vivre en ce temps, en ce présent, certes avec la conscience de laisser un héritage plus authentique. Mais c’est le hic et nunc qui importe bien plus, car aucune existence n’est anecdotique. Le lien qui nous unit s’ancre bien plus par notre présent que la nostalgie d’un paradis perdu (celui des hommes d’il y a 10000 ans? Quelle doux rêve !).

Réjouissons-nous de cet appel , de ce retour au naturel,de cette conscientisation pluri-culturelle, ET cessons vraiment de nous accuser de tous les fléaux accidentels environnementaux, qui aussi cachent à peine quelque idéologie malthusienne ou misanthrope… à part peut-être le sur-capitalisme ou le collectivisme qui tuent le singulier unique.

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