La ronde des saisons sous les tropiques européens égrène l’année alternant chaleur, fraîcheur, froid , dormance de la végétation et de la vie puis réveil. Une routine de la nature dirait-on.

Mais si l’on veut bien s’y intéresser de plus près, ce qui semble normal depuis toujours obéit à des lois vitales complexes, interactions entre lois cosmiques (rotation de la terre, révolution annuelle suivant une course elliptique et bien d ‘autres) , alternance du climat, avec ses luminosités croissante puis décroissante, l’amplitude des températures, et la vie animale et végétale s’alignant sur ces facteurs externes.

Pourtant,nous autres humains de l’ère moderne et post-moderne, qui ne suivons plus ce rythme immuable comme nos ancêtres de l’ère agricole, avons alors du mal à nous y soumettre: état dépressif en hiver, suffocations en urbanité en été, horaires de travail défiant cette saisonnalité…Alors, quoi des plus fragiles d’entre nous, perdant leurs repères et les personnes âgées en particulier ?

Là, le contact du jardin prend une importance toute particulière. Car la simple vue sur un jardin végétalisé va permettre le repos des sens à la période hivernale, ou, en tout cas, la focalisation du sens de la vue. L’animation dans le jardin est réduite, mais elle est encore là, avec une végétation au ralenti, et une faune moins grouillante. C’est là que le rouge-gorge venant picorer un petit fruit de pommier japonais sera l’attraction du matin, pouvant tirer un sourire de contentement des plus fragiles des résidents en ehpad. Et cela, c’est la vie qui renaît.

Un pommier japonais, exhibant sespetuits fruits comestibles mais acidulés. Les oiseaux s'en délectent.

 Il est des expressions qu’il faut bannir face aux personnes en handicap: L’hiver n’est pas la saison morte, mais celle du repos. Même si en réalité la mort fait partie de la vie -car rien n’est immortel ici-bas, ce mot a une résonance négative, connotée à angoisse, malaise, mal-être.Cela est vrai pour les personnes âgées fragilisées, mais aussi d’enfants autistes .

On sait dire aujourd’hui avec un juste respect des personnes qu’elles ne sont pas handicapées, mais en situation de handicap, et c’est bien.De même le vocabulaire des soignants-aidants doit receler des expressions positives.

Il faut savoir tirer parti de l’alternance des saisons, véritable chance finalement.Un jardin de soin ne l’est pas qu’au printemps: ce serait un leurre et serait désespérant! Attendre 9 mois pour une saison, quelle angoisse! Et puis ce n’est pas réaliste.

Or, la connexion au réel est principe du soin.Et ce qui est réel, c’est que 2/3 des végétaux d’ornement perdent leurs feuilles en hiver , pour mieux revivre au printemps. Pas de fin, une continuité plutôt dans l’ordre naturel des choses.

Ainsi, concevoir un jardin à visée thérapeutique, c’est exprimer ce que la nature peut donner en peu de surface pour des hommes et des femmes en situation fragile. On parle très souvent de jardin des sens. Dans l’absolu, c’est vrai, mais réducteur voir déviant si l’on pense à une stimulation toujours en éveil. Une personne fatiguée est en restauration progressive. Aussi, attention de ne pas projeter nos propres envies (en-vie) de sur-stimulation sur des personnes en vitalisation progressive.Il y a une intelligence du soin, qui fait bien plus de bien que la sur-stimulation.Les nordiques l’ont bien compris, qui adaptent le soin par la nature en fonction de l’état pathologique.(Suède, Danemark )

Les saisons nous apprennent le bénéfice du temps. Et quand la nature se réveille en mars, quelle joie immense: Une résurrection, un éclat de vitalité sous nos yeux et nos sens! C’est comme le jour après la nuit; mais sans la nuit, pas de jour !

Cela même avant la promenade au jardin, et la participation à un atelier de bouturage en séance d’ hortithérapie.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *