Une mode, une tendance, un courant ?

Que nenni! Une vérité pérenne dans la réalité des jours, à un endroit donné, dans un temps donné.

L’homme moderne, un animal qui se donne du stress.

« Le jardin qui soigne » a été « théorisé » depuis quelques décennies, et avec des portes d’entrées complémentaires, par des biologistes (Fromm, Wilson), des géographes (Appletown) , des psy comportementalistes (Ulrich), des pédagogues (Montessori), et autres spécialistes de sciences cognitives. Tous ont perçu selon leur vision spécifique l’impact vivifiant ((re-)donnant Vie ) de la nature sur l’humain. L’intérêt de la chose, c’est d’avoir formalisé et quantifié , évalué , en bons scientifiques ce qui, au mieux, tombe sous l’évidence à l’homme d’aujourd’hui que la nature attire, et, au pire, être pris pour des doux-dingues pour les autres, peu intéressés par cette question de l’Ecothérapie, jugée incompréhensible…qui est une non-question.

L’homo modernicus, contemporain est efficace, organisé,théorisé, technologique…et pourquoi pas quand il y a progrès réel pour la vie des semblables- mais il est terriblement matérialiste, tenu par ses objectifs-économiques ou non d’ailleurs, pressé dans tous les sens du terme, et conséquemment : stressé. Très stressé.

Or, le stress, qui est une conséquence de sur-activation d’hormones (au moins cinq), n’est pas bon car il provoque des désordres:d’ordre mental où la pensée est obsessionnelle sur le sujet dû au stress, d’ordre physique avec toute sorte de pathologies de bénines à très malignes, jusque dans l’ordre sexuel…,d’ordre psychique avec une confusion émotionnelle allant de l’enfermement mental aux hallucinations, et d’ordre spirituel où la transcendance , quasi absente souvent devient débridée.

Quel programme! Souvenons-nous simplement que la France agricole d’antan, peuplé d’une majorité de paysans (ceux qui font le paysage), n’avaient pas ces symptômes. On vivait moins vieux évidemment, mais en contact permanent avec la terre, le climat, le réel des sens…On ne savait pas formuler cela, mais on savait le vivre, avec les aléa qui pouvaient mettre une certaine pression, mais ponctuelle.Une fois cela dit, on dira que oui, bon d’accord…et alors?

Et alors, on voit depuis une vingtaine d’années de nouveaux métiers, une harmada de métiers voulant répondre au stress par méditations de tous acabits, coaching personnel, séminaires Nature, Bains de forêt (Shirin Yoku au Japon) et j’en passe.

Ce besoin , c’est l’ouverture de la soupape avant l’explosion ou l’implosion appelées burn-out.C’est ma foi salutaire, mais ce n’est pas s’attaquer aux causes. Il y a bien au départ une volonté sociétale de système pressurisant.

Le jour où les puissants seront convertis à la sagesse du travail épanouissant dans le temps…!

Le Paysage ,face à l’homme contemporain.

On sait que l’homme a dans son adn un appel à la Nature. L’image d’un paysage de type savane ou de steppe invite à la paix et la beauté intérieures (théorie de la savane, schéma ancré) est unanime dans toutes les cultures et ethnies. Une étendue lointaine d’herbes jaunes, quelques animaux au loin, un relief montagneux en fond et le seuil d’un bonheur profond vous envahit.

On ne va évidemment pas tous laisser notre habitat d’aujourd’hui pour s’enfuir au Kénya, mais il est indéniable que c’est une nécessité absolue de faire fuir notre regard , un sens immédiat et très impactant, vers des vues reposantes qui offrent une fascination douce, comme la nomme certains psychologues.

Qu’est donc un jardin de soin, à visée thérapeutique, sinon un espace Nature où le corps reprend sa place de présence multisensorielle?

Dans un de ces jardins, on doit s’imprégner d’une ambiance construite avec l’environnement existant. Les paysagistes connaissent bien les astuces permettant aux sens de ne prendre que le meilleur de l’endroit.

Il ne peut y avoir un seul type de jardin de soin, puisque les endroits et les pathologies -j’inclus dans ce mot fort le stress de l’Homme « normal », inséré dans la vie active et sociétale, peuvent être d’origine et de nature différente.Ici, je n’aborde que le jardin du point de vue esthétique , permettant aussi une expérience sensorielle, mais pas les parcours « santé » pour les personnes poly-traumatiques (barres parallèles, asymétriques,petit pont etc)

On ne va pas construire un jardin pour des personnes souffrant de maladies de mémoire dégénérative comme pour des maniaco-dépressifs, ou un jardin au pavillon soins palliatifs.

Mais il n’y a qu’un seul but à atteindre: Baisser rapidement ce stress pressurisant.

Ainsi:

Les courbes mieux que les droites (le jardin anglais est préféré), les cellules recoins mieux que de longues perspectives à symétrie parfaite, les strates végétales variées et aromatiques, et puis les matériaux durs tels que béton ou enrochement bruts évités au profit du bois, de murs minéraux et végétaux, de rocailles, l’élément eau au bruissement rassurant et doux, des plantes au port souple , pleureur, varié plutôt qu’un tronc sévère , haut, droit ou une haie monospécifique calquant un mur (tout végétal qu’il soit).

Bref, la conception anguleuse ou monochromée de certains paysagistes nordiques entre autres ne pourrait viser notre but .

Mais attention: le jardin japonisant qui semble se dessiner rapidement à cette lecture ne peut être un modèle univoque, malgré toutes les qualités de sérénité qui peut s’en dégager. Pour le coup, on a affaire à une mode, puisque culturellement , on est dans le monde oriental, avec sa propre culture, philosophie, mais aussi paysage . 

Enfin, on peut profiter d’un dénivelé pour planter un décor animé, vivant au gré des saisons qui sont une chance pour nous autres occidentaux.Ou encore varier les matériaux de circulations évoquant des crissements différents. Le son du pas sur le gravier concassé, comme l’ocre ou le rouge sombre de certains stabilisés sont des madeleines proustiennes chères à nos grands aînés. La mémoire émotionnelle des bons souvenirs maintient la vie .

Les recoins où peut s’installer une certaine intimité sont recherchés ; on peut faire de ces lieux des lieux intergénérationnels.

Pour finir, le soin devient thérapeutique quand il a une visée médicale encadrée, où la médication , présente et forte, est un des objectifs dans sa diminution par le dé-stress.

Et puis, les ateliers horti-thérapie sont une expérience forte et efficace à mettre en place dans les pathologies senso-motrices, prolongement de la promenade ou la contemplation multisensorielle précitée.

mais ça, c’est un autre sujet!

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